INFO LE CRES

Il y a deux mois et demi de cela, nous avons alerté la Préfecture (voir ICI) pour lui demander de se saisir du dossier concernant la pollution au Tétrachloroéthylène de la nappe phréatique du Crès et de l'eau potable distribuée aux communes de Jacou, du Crès, de St Aunès et de Vendargues. Comme tous les créssois le savent à présent, l'équipe municipale et le Maire avaient clairement fait savoir en conseil municipal qu'ils se désintéressaient de ce problème qui concerne pourtant la santé publique (voir ICI).

Nous venons de recevoir la réponse de l'ARS (Agence Régionale de Santé, ex DASS). Comme toujours, nous publions l'intégralité du courrier que nous avons reçu afin que tout le monde puisse en prendre connaissance (Mairie comprise). Comme cela était prévisible, ce courrier apporte un éclaircissement édifiant sur ce qu'il convient de qualifier de scandale.

Trois paragraphes du courrier de l'ARS ont plus particulièrement retenus notre attention :

1- "La présence de solvants a été constatée, dans le cadre du contrôle sanitaire des eaux au niveau du captage du stade Robert. Ce paramètre ne fait pas l'objet d'une limite de qualité <<eau brute>>".

Cela veut dire deux choses ; d'une part que l'ARS est au courant du problème (heureusement) et d'autre part, que même si l'eau du forage du Parc Robert est fortement polluée, il n'y a aucune loi qui contraigne les pouvoirs public à agir pour remédier à cette pollution. Evidemment, tout le monde sera d'accord pour dire que le bon sens devrait largement suffire dans ce cas là ...

2- "S'agissant d'une pollution par solvant dont l'origine n'est pas identifiée, j'ai alerté à plusieurs reprises le syndicat des eaux en lui demandant d'étudier l'abandon du captage syndical qui ne pourrait être régularisé. Je n'ai pas à ce jour d'information sur la date de mise en oeuvre d'un tel scénario."

Voilà une information CAPITALE. L'ARS dit clairement qu'elle a demandé plusieurs fois au Syndicat des eaux du Salaison (SIAE) d'étudier la fermeture du forage MAIS quelle n'a jamais pu obtenir une réponse claire (voir peut-être même pas de réponse du TOUT !). Cette révélation nous interpelle au plus haut point.

Pourquoi le syndicat des eaux refuse de suivre les recommandations de l'ARS, qui fait pourtant autorité en matière de santé publique ?

Avant d'essayer de répondre à cette question cruciale, il nous semble utile de rappeler quel est le rôle du SIAE et qui sont les membres de la commission qui assure sa gestion. Ces informations sont faciles à trouver (ICI et LA). On apprend que :

Le SIAE, Syndicat Intercommunal d'Adduction d'Eau du Salaison (siège : Mairie de Jacou), assure le service de distribution de l'eau potable de 4 communes (Le Crès, Jacou, Vendargues et St Aunès), soit une population de 20668 habitants. Il gère les deux forages d'eau brute du Parc Robert (voir ICI). Voici le rapport du SIAE de 2012 (voir ICI).

Les élus du Crès en charge de la gestion du SIAE sont : 1- Brigitte PAU, 2- Francis MILOSZIK, 3- Bruno BARDY. 

Pourquoi nos élus n'appliquent t'ils pas le principe de précaution en fermant le forage du Parc Robert ?

Faute de preuve, nous ne pouvons qu'émettre une hypothèse :

L'eau potable du Crès, de Jacou, de Vendargues et de St Aunes est obtenue en mélangeant l'eau polluée du Parc Robert avec deux autres sources (l'eau du Bas-Rhône et la source du Lez). Le volume annuel d'eau du Parc Robert utilisé pour l'eau potable est d'environs 500 000 m3. La fermeture du captage  du Parc Robert impliquerait de compenser le volume d'eau manquant (soit 20% du volume total de l'eau potable) en s'approvisionnant un peu plus auprès des deux autres sources d'eau. Rien de plus facile, jusque là, n'est ce pas ?

Oui, mais voilà, cette opération (de bon sens) n'est pas gratuite car l'eau du Parc Robert ne coûte presque rien à produire alors que les deux autres sources sont certainement bien plus onéreuses. Cela dit, évaluer le surcoût n'est pas (encore) évident mais il existe des éléments de réponse :

En 1993, lors de l'affaire du Lac, le scénario de la fermeture des forages du Parc Robert suite à une pollution accidentelle de la nappe phréatique (via le Lac) avait été envisagés (voir ICI) et le surcout en eau chiffré à un peu plus d'un millions de francs (150 000 euros). Evidemment, depuis, nous sommes passés à l'euro et le prix de l'eau a explosé ...

Supprimer toute trace de Tétrachloroéthylène dans l'eau potable en fermant le captage du Parc Robert et en achetant de l'eau du Bas-Rhône ou de la source du Lez couterait donc très probablement quelques centaines de milliers d'euros tous les ans.

Info :  pour maintenir un écoulement d'eau minimal dans le Salaison en période sèche, la commune (ou le SIAE ?) achète pour 30 000 euros/an d'eau brute du Bas-Rhône.

Et la santé de plus de 20 000 habitants, combien ça coûte ? nous direz vous ... Là est effectivement la vrai question.

Infiniment plus que le coût de la fermeture du forage du Parc Robert, c'est certain !

3- "Toutefois, si le contrôle sanitaire devait révéler une évolution défavorable des teneurs observées au-delà de la limite de qualité, je serai en mesure d'imposer d'autres modalités d'exploitation."

Ici, l'ARS expose à la fois les limites de son autorité (le dépassement de la norme de 10 microg.l) mais aussi sa volonté d'intervenir fermement si la situation venait à s'aggraver. Ce dernier scénario est d'ailleurs tout à fait plausible puisque rien n'est fait pour rechercher l'origine de la pollution.

Le journal Midi-Libre vient justement de publier un article sur la pollution de l'eau potable que nous vous encourageons fortement à lire :  UNE EAU TROP POLLUEE POUR 159 COMMUNES EN REGION par O. Schlama qui reprend les résultats d'une étude de l'UFC-Que Choisir. Notez que dans cette enquête, seule la pollution de l'eau potable d'origine agricole a été considérée (celle d'origine industrielle n'a pas été prise en compte). Le Crès aurait alors très certainement figuré en bonne place ....

En attendant que la Préfecture prenne une décision avec l'Agglo qui vient de récupérer la compétence Eau Potable (le SIAE vient d'être dissous), c'est clairement aux principaux intéressés, c'est à dire VOUS et NOUS, de faire entendre notre colère devant cet situation inacceptable. Faisons pression sur nos élus pour que la protection de la santé des populations l'emporte enfin sur d'autres considérations certainement plus bassement matérielles !

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